"Chers étudiants, chers collaborateurs, chers amis
Depuis les crimes barbares de vendredi, nous sommes dans la douleur. Je souhaite affirmer ici ma profonde compassion avec tous ceux qui sont directement touchés par l'effroi. Les mots sont bien trop faibles dans un moment aussi bouleversant. Nous sommes doublement frappés comme citoyens et comme universitaires. Nous avons perdu des membres de notre communauté et je veux assurer leurs proches, leurs amis, leurs connaissances de notre entier soutien dans cette épreuve.
Ce week-end malgré le choc et la douleur, nous avons poursuivi nos activités pour marquer notre détermination de ne pas laisser la peur et la terreur nous envahir. Bien sûr, ceci s'est fait dans le souci permanent de la sécurité de tous, dans le strict respect de l'état d'urgence, en lien avec les autorités préfectorales et rectorales. Concernant la sécurité de notre université, elle est assurée par la mise en place du plan vigipirate. Nous demandons à chacune et à chacun d'être vigilant et solidaire, et de signaler à la direction générale des services toute situation suspecte.
L'Etat a décrété 3 jours de deuil national sur l'ensemble du territoire. Demain lundi 16 novembre, nous allons nous recueillir, mais aussi continuer nos activités. Nous en avons besoin et c'est certainement la meilleure réponse face aux criminels. Dès lundi donc, nous allons continuer d'exercer nos missions fondamentales, avec passion et énergie, pour que l'intelligence gagne. Nous resterons unis pour ne pas céder à la violence. Pour respecter et continuer d'enrichir la diversité qui fait notre pays et qui est la richesse de notre communauté universitaire. Nous resterons unis pour échanger, discuter, partager. C'est cela la République, c'est cela l'Université.
Ainsi, je vous propose de vous associer concrètement au deuil national et de vivre ensemble la minute de silence, dans le respect des ceux qui ont été emportés. J'invite ceux qui en ont la possibilité à nous rejoindre dès 11h45 au Palais universitaire, devant la plaque du souvenir aux victimes de la barbarie nazie pour observer ensemble la minute de silence nationale à 12h. Dans ce lieu hautement symbolique du courage et des sacrifices de nos camarades, nous renouvellerons notre engament de janvier dernier, nous dirons à nouveau, à l'instar de Marc Bloch que nous voulons «aimer la vérité ».
Vous pouvez aussi observer cette minute de silence en vous réunissant sur votre lieu de travail. J'invite chaque doyen, directeur de laboratoire, chef de service à rassembler sa communauté pour partager ce moment de recueillement.
Notre liberté est attaquée. Tous ensemble, nous la défendons. Plus que jamais, nous devons nous rassembler autour de nos valeurs, liberté, égalité, fraternité. Ces moments graves exigent de la force et de l'intelligence ; comme universitaires, nous saurons faire preuve des deux.
Alain Beretz
Président de l'Université de Strasbourg
Dimanche 15 novembre"